Transsibérien 25 au 28 juin

Moscou, la gare de kazan d’où nous sommes partis

Hall de la gare de Kazan Le Transsibérien à son quai de départ

Certains nourrissent le rêve de voyager dans ce train mythique. En fait c'est un train très banal, mais qui a la particularité de franchir des distances énormes. Il y a trois classes, luxe -compartiment fermé pour deux personnes, coupé -compartiment fermé pour quatre personnes-, et platzkart qui correspond à la troisième classe pour les petits budgets. Il n'y a pas de climatisation et la chaleur sera difficile à supporter malgré les petites vitres en permanence ouvertes. (ci-contre, un petit voyageur courageux)

Chaque wagon est sous la responsabilité de deux Provodnitsi qui assurent l’accueil, l'ordre et la propreté. Ils se remplacent au fil du voyage. Une fois votre billet et votre passeport méticuleusement contrôlés vous rejoignez la place qui vous est assignée où vous attend un matelas, et vous percevez un drap housse et un drap de dessus, une housse d'oreiller et une serviette de toilette. Avec tous ces draps blancs le wagon prend des allures d’hôpital. Les passagers se mettent à l'aise pour affronter le long voyage : pyjama et survêtement fleurissent.

Chaque wagon possède un samovar en face du compartiment des provodniki. Jour et nuit on peut y faire couler de l'eau chaude. Les russes sont de grands consommateurs de thé. Il y a une prise électrique à coté du samovar squattée par plusieurs téléphones. La prise est en mauvais état et le provodniki finira par y brancher une rallonge avec des prises multiples.

Le provodniki vend des sachets de thé, de café, des soupes instantanées. Et lors des arrêts des échoppes permettent de s'approvisionner en boisson, comme en nourriture. Mais il est bien agréable de s'éloigner un peu des quais lorsque l’arrêt est assez long pour aller à la rencontre des mamuchka qui vendent de délicieux piroki fait maison, chauds et goûteux (30Rb l'un) . Et sur un quai c’étaient des chapkas, des écharpes et du poisson fumé (100Rb) délicieux.

arret : la provonitsa surveille les voyageurs qui sont descendus se degourdir les jambes	des mamouchska vendent piroski (petits pains) farcis au poulet pomme de terre
Barabinsk marchande de piroski	Barabinsk marchande de poisson fumé

L'organisation du wagon favorise rencontres et échanges de nourriture. Les Russes déballent d'invraisemblables quantité de victuailles, pâté, poulet, pain. (ci-contre) Je repère quelques bouteilles discrètement rangées, ce n'est pas de l'eau mais de la vodka. J'ai l'impression que la consommation d'alcool dans le train n'est pas autorisée.

Deux femmes sont curieuses de notre destination, nous leur montrons les schéma du trajet. Elles s’exclament. L'une fièrement nous dit qu'elle a visité Paris. Un jeune militaire part se changer avant de descendre du train. Il arbore un superbe uniforme de marine. Il sert probablement sur un navire de patrouille sur la Volga.

Natacha et Hina

jeune marin

Le contact avec les mineurs de yakoutie sera un peu plus difficile. Ils ne comprennent pas que nous ne voyagions pas en classe coupé. L'un d'eux m'interroge même :

- Tu n'est pas du kgb français ?

- Non retraité, je rigole.

Du coup ils me disent que les russes ont bien fait retourner Napoléon chez lui. Basse vengeance. C'est eux qui rigolent. On finira par se montrer nos familles respectives sur les smartphones. Et l'un d'eux me montre un petit film sur l’extraction du minerai d'or où ils travaillent. Ils conduisent d'énormes scraper qui transporte le minerai vers des broyeuses.

Le train franchit l'Oural. Il n'y a rien de spectaculaire. La voie longe d'interminables forêts de bouleaux dont les troncs blancs se détachent parfois sur la masse noire de forêts de résineux, ou laissent deviner des clairières ombragées.

Le basculement en Sibérie est imperceptible. J’aperçois des villages aux maisons de bois avec des potagers de pommes de terre bien ordonnés. Aux forêts ont succédé de vastes espaces sur lesquels d'énormes moissonneuses sont à l’œuvre dans un nuage de poussière jaunâtre.

La nuit vient. Mais le décalage horaire se fait vite sentir ; Tous les horaires du train sont sur l'heure de Moscou. L'horloge biologique s’énerve un peu car le franchissement des fuseaux horaires intervient rapidement.

Puis dans le bercement régulier du balancement du wagon, du bruit assourdi du métal contre le métal et du battement des essieux le sommeil vient. Alors qu'il fait jour. Quelle heure est il ? A quatre heures du matin je fais les cent pas au milieu d'une humanité assoupie dans une chaleur épaisse, un bébé asiatique tout nu dort contre sa mère, les mineurs de yakoutie ronflent avec le bonheur des travailleurs de force, un vieux monsieur insomniaque va chercher de l'eau chaude, un petit jeune regarde un film sur une tablette. Je me rendors. On me tape discrètement sur l'épaule, une serveuse apporte le petit déjeuner, Il fait grand jour. Il est 9H heure locale, 5H à Moscou. Le petit déjeuner se compose de riz au lait accompagné de quelques tranches de concombre, de gâteaux secs et de pain. C'est un extra en plus du billet que nous a utilement conseillé l'agence.

installation en platzkart (3ème classe)

Avant notre arrivée à Taïchet le provodniki vient m’avertir. Il faut restituer les draps et replier le matelas.

Nous rejoignons en taxi (200Rb) notre hôtel, j'ai hâte de prendre une douche !

Barabinsk locomotive commémorative